La Grande Guerre n’a pas seulement été le temps de la brutalisation des corps et des esprits. Cet épisode de violences extrêmes a engagé, sur le front et à l’arrière, de nouveaux comportements et une nouvelle sociabilité à travers laquelle le vin a joué un rôle essentiel. Devenu le « pinard des poilus », il enivre les hommes au combat et calme les peurs. Très vite, il acquiert une dimension matérielle et symbolique incomparable dans les rangs français comme dans tout le pays jusqu’à devenir, après l’armistice, le « pinard de la victoire » élevé au rang de breuvage national et patriotique.
Par Christophe Lucand, spécialiste de l’histoire des mondes de la vigne et du vin, chargé de cours à Sciences Po Paris et à l’Institut universitaire de la vigne et du vin (Institut Jules Guyot) de Dijon, membre de la Chaire UNESCO « Culture & traditions du Vin » de l’Université de Bourgogne.